M. Jean Lortie.
À l’occasion du centenaire de sa fondation la CSN, la confédération des syndicats nationaux, a voulu marquer le coup en organisant une série d’événements soulignant la place qu’elle a occupée dans l’évolution du monde du travail et de la société québécoise.
Sous le thème « De la scie à l’ordi : un siècle de vie ouvrière », une vaste exposition de photographies a été déployée dans 13 municipalités à travers le Québec ; elle se veut un hommage à ceux et celles qui ont façonné notre province au fil des décennies.
Nous en avons profité pour en discuter plus en détail avec M. Jean Lortie, secrétaire général de la CSN.
1. Qu’est-ce qui a conduit la CSN à faire une expo sur ses 100 ans ?
La CSN possède des archives photographiques d’une richesse exceptionnelle, qui constituent un véritable témoignage collectif de monde du travail des 100 dernières années. Notre souhait était de créer un événement décentralisé pour parler des régions et leur donner accès à ce patrimoine, là où souvent des conseils centraux existaient bien avant la création de la CSN.
Espace du centenaire de la CSN, Montréal. Photo: Raymond Cantin
2. Est-ce que d’autres options avaient été envisagées ?
L’exposition de photos, qui a nécessité un travail de recherche considérable, faisait partie d’un gros coffre à outil. On y retrouvait aussi un documentaire d’un très grand intérêt, de même qu’un livre magnifique, venant tout juste d’être publié. Une grande célébration, quant à elle, se tiendra à Gatineau en septembre 2022.
3. Quelle a été la réception de cette exposition parmi vos membres et parmi un public plus large ?
Ayant participé à l’inauguration de plusieurs de ces expos, j’ai été témoin d’un accueil enthousiaste généralisé. Partout, les gens ont été étonnés de découvrir un matériel photographique, une documentation et des textes si justes et de si haut niveau. Ils ont également été impressionnés par le soin apporté à la présentation des expositions et par la qualité des supports, qui venaient ajouter une rigueur esthétique au matériel lui-même.
4. Quel type de commentaires avez-vous reçu des gens qui auraient vu l’un ou plusieurs des volets de cette expo ?
Les commentaires ont tous été très positifs.
En plus des éloges pour la qualité des photos, les gens nous ont d’abord félicités d’avoir pris une initiative d’une telle envergure. Ils font le tour, regardent attentivement, reviennent sur leur pas, souvent émus.
Ils ont aussi été séduits par le choix des emplacements et ceux des thématiques traitées, où on retrouvait la plupart du temps un lien entre le lieu et l’histoire de la CSN. Par exemple, à Ste-Thérèse, l’exposition, qui était déployée devant le Cégep, avait justement pour thème la création de ces établissements d’enseignement.
Ici-même, à l’Espace du centenaire de la CSN, je reste encore ébloui devant la vue que j’ai de l’expo par la fenêtre.
CEGEP de Ste-Thérèse, Ste-Thérèse. Photo: Normand Blouin
5. Pensez-vous avoir atteint vos objectifs ?
Tout à fait ! C’était l’activité prévue pour le lancement des festivités et la réception favorable a largement dépassé ce qu’on avait espéré.
6. Est-ce qu’il y a des plans pour mener une activité du genre à court ou moyen terme ?
Beaucoup de régions veulent récupérer le matériel qui appartient aux municipalités et prolonger éventuellement son utilisation. À Gatineau, lieu même de la création de la CSN et là où auront lieu nos célébrations de clôture, nous évaluons la possibilité d’en faire une exposition intérieure.
7. Un mobilier urbain d’affichage s’est-il avéré, selon vous, un médium approprié pour aller à la rencontre du public ?
Oui. C’est une façon de se rapprocher des gens, de rendre plus facilement accessible des contenus photographiques qu’ils ne verraient pas autrement. Aussi, parce que le matériau sur lequel les photos sont reproduites est durable et ne présente pas de signes de détérioration, le matériel peut être récupéré et être présenté ailleurs. Ceci vient prolonger la vie, la durée potentielle d’une exposition.
De plus, dans le contexte que l’on connaît, cette exposition n’aurait pu se faire à l’intérieur. L’utilisation de ce mobilier n’aurait pu être plus appropriée.
8. Pensez-vous que la présentation de vos expositions à l’extérieur donnera envie aux municipalités d’emprunter cette formule ?
Je ne saurais dire. Toutefois, la ville de Sorel entend récupérer le matériel pour en faire une exposition permanente à son Musée régional et de l’inclure dans ses parcours touristiques. Il est aussi question que le Musée du Bas St-Laurent en fasse une exposition permanente.
9. Peut-on parler d’une tendance vers la démocratisation des arts, de la culture et de l’histoire en présentant les œuvres hors les murs, à l’extérieur des institutions ?
En effet. Cela attise la curiosité, donne l’envie de découverte, d’apprentissage, et participe à l’embellissement des communautés dans les grands centres comme dans les régions.
Avec le phénomène de la piétonisation des artères commerciales, c’est quelque chose qu’on devrait voir de plus en plus. Ce type d’exposition peut être un vecteur de développement touristique et économique. Il sera intéressant de voir comment cette tendance évoluera.
Gatineau. Photo: Normand Blouin