QUESTIONS DE STRUCTURE

Sébastien Dallaire est designer industriel d’expérience. Son studio, Generique Design, se spécialise dans le domaine des arts numériques, du design interactif et des installations publiques.

Nous l’avons rencontré pour discuter design de mobilier urbain et de modules d’affichage à vocation culturelles.

1. Quels défis rencontre-t-on lorsqu’on dessine des structures d’affichages comme celles d’Artpublix ?

Sébastien Dallaire : Il faut prendre plusieurs facteurs externes en considération. Les bourrasques de vent, par exemple, ou le vandalisme, qui auront une influence sur la conception de la structure ou dans le choix des matériaux.

Il faut surtout s’assurer d’empêcher le basculement des panneaux d’affichage – nos tests de résistance aux vents nous indiquent que selon la surface des panneaux, la base doit peser entre 600 et 900 kilos. Il faut aussi prévoir les mécanismes de mise à niveau puisqu’à cause des pentes de drainage, il n’existe à peu près pas de surfaces entièrement droites en milieux urbains.

Il faut imaginer des structures d’ancrage efficaces et discrètes dans le cas de panneaux sans base. Ceux-ci sont souvent privilégiés lorsque l’espace de circulation est restreint.

Enfin, il faut trouver des façons d’insérer les images dans la structure d’affichage pour que ce soit le plus simple possible, afin d’en faciliter le changement.

2. Quel élément a pour vous le plus d’importance dans le module d’exposition ?

Sébastien Dallaire : On veut donner aux structures d’affichage une apparence le plus monolithique possible, afin de ne pas distraire le regard et de mettre les œuvres en valeur au maximum. Pour ce faire, on travaille à faire disparaître de la vue tous les éléments de fabrication et d’assemblage.

3. Quel idéal visez-vous lorsque vous dessinez un module d’affichage ?

Sébastien Dallaire : On vise à favoriser l’impact visuel et à créer un dialogue entre l’œuvre et son support. Ceci se traduit par l’épaisseur des colonnes, la présence ou non de travers, qui peut donner l’impression que l’image flotte dans l’espace. On compose avec la base, avec le contraste qu’on peut obtenir avec le béton, dont les finis sont limités.

On cherche également quels détails pourraient ajouter du raffinement à la structure, comme des pattes d’ajustement moulées et estampillées pour les bases en granit ou des indentations dans les bases pour y faire passer les colonnes.

4. Qu’elle est votre vision du mobilier d’exposition comme support à la diffusion de l’art et de la culture ?

La présence de structures d’affichage permettant la présentation de photographies entraîne à mon avis une meilleure occupation et une plus grande fréquentation de l’espace public. Avec le temps, ce mobilier vient s’intégrer dans l’environnement et participe à sa richesse, à son appréciation. Il faut cependant que le contenu mis de l’avant soit de qualité.

5. Est-ce qu’il y a des plans pour faire évoluer les modules d’exposition actuels, des idées pour un nouveau type de module ?

Sébastien Dallaire : Oui. En fait on peut parler de deux types d’évolution, une esthétique et l’autre de fonctions. Il est possible et tentant de vouloir greffer des modules technologiques et nous en avons déjà réalisés. Pensons à des systèmes audio pour raconter une histoire ou reproduire des ambiance sonores. Ou encore à des stations de recharge ou à des bornes wi-fi, le tout pouvant être alimenter par des panneaux solaires.

Néanmoins, pour le type d’œuvres présentées, pour les contextes urbains ou naturels où les supports d’exposition viennent s’insérer, il peut être intéressant de rester lo-fi, de rester simple, discret et beau.